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Les mots qui chantent m’enchantent.

Ayant fait le deuil plus ou moins, car je suis et resterai le résultat des souvenirs gravés en moi par mes émotions les plus intenses, de mon aversion viscérale envers la Ville de Lyon, et notamment envers les peintres Lyonnais, encore bouchonné, accompagné de mes meilleurs amis, dont on pourrait d’ailleurs dire qu’ils sont Les meilleurs amis dans la mesure où ce sont les miens, je décidais de gravir les marches de ce corridor interminable qui mêne le pèlerin, que j’étais déjà, à cette sorte d’emblématique basilique qui surplombe cette cité.

Depuis mon perchoir majestueux, j’eus alors une vision panoramique, magnifique, presque onirique de sa composition cosmopolite qui elle-même dégageait une sorte d’énergie quasi mystique, et qui déclencha instantanément une vague d’inspiration spirituelle. Peut-être était-ce le lieu, même si personne n’a à me dire où et quand le Créateur peut s’adresser à Moi.

Plus ou moins en face se trouvait la Part-Dieu, concentration d’affairistes effrénés qui vous accueillera, dès lors que vous arriverez en gare qui porte le même nom par TGV et en première classe, ce qui était bien évidemment mon cas.

Sur votre droite, votre regard se portera en direction de Confluence, sorte de presqu’île connectée par définition et écologiquement moderne, presqu’un pied de nez aux usines Total qui longent la route si vous continuez en direction de Givors, une ville plutôt triste où habitait l’un de mes meilleurs compagnons de promenade, Romain, du nom de l’un des peuples antiques les plus philosophiques de cet ancien monde dont il fût le centre un temps, même si mon expérience récente tend à remettre sur ma table d’examen critique la question de l’esclavage, qui sera toujours moderne.

Vers votre gauche plus ou moins, selon votre mobilité cervicale, la mienne ayant été violemment réduite suite à un vol plané percussif survenu lorsque j’étais enfant, ce qui par ailleurs déclencha mon Génie, vous ferez face au parc de la Tête d’Or, une œuvre des frères Bühler selon Wikipedia (*), ouverte dans une réaction narcissique typiquement Française au Central Park de New-York, même s’il est vrai, également induite par la volonté de replacer notre héritage artistique, bien qu’incomplet sans le mien, au centre de l’Art Mondial, malgré que, comme la substance s’échappe de plus en plus de l’art abstrait actuel, celui-ci tend à se dissoudre dans des sons toujours plus assourdissants.

Philippe, le 2 Mars 2019.

(*) voir le Génial article précédent.

Fourvoyeuse Fourvière, 2016.

Les plus grandes découvertes sont le fruit du hasard.

C’est en regardant « Au service secret de sa majesté », un James Bond extrêmement peu connu, car je ne le connaissais pas, devant la scène au cours de laquelle 007 se lève de table, après avoir déclaré éprouver une certaine « raideur » provoquée par l’une de ses espiègles voisines de table, que je remarquai que cet acte ne lui posait aucun problème, de la même manière que son kilt ne laissait rien transparaître.

C’est alors qu’enfin je compris, dans ma recherche constante de l’Indubitable, la véritable utilité du « Sporran », qui, d’ailleurs, signifie « sacoche » en Gaélique selon Wikipedia, car je mets un point d’honneur à vous proposer des articles extrêmement référencés.

Philippe, le 2 Mars 2019.

Un réveil difficile.

« Il était très tôt. À l’extérieur, derrière ces énormes barreaux, semblables à ceux que l’on utilise pour parquer des animaux, la lumière matinale de ce mois de Mai était d’un bleu glacial. Il avait étonnamment froid. Il ne sentait quasiment plus sa langue qui semblait avoir triplé de volume. Ils avaient mis la dose.

Il venait d’émerger, non sans peine. C’était sa première nuit de sommeil depuis une semaine. Les calmants, en plus de finir de l’assommer, avaient posé sur chacune de ses paupières une véritable chape de plomb. Et c’est elle qui venait les lui refermer à chaque fois qu’il tentait de les rouvrir. Il eut beau déployer le peu de force qu’il lui restait afin d’écarquiller les yeux, rien n’y faisait. C’est le but de ces molécules, paraît-il. Il n’était plus capable de grand chose. Même légalement.

Il put cependant entr’apercevoir l’immense baie vitrée, qui, à en juger par les rayures et autres traces de coups qui s’y trouvaient, n’était pas de première jeunesse. Sa teinte, quasi opaque, masquait une solidité à toute épreuve. À l’extérieur, les épais volets métalliques avaient été relevés. C’était là, la veille, derrière ce rideau de fer (qui était alors à moitié fermé) qu’il s’était tenu debout, complètement hagard, terrorisé, dans ce pyjama bleu clair qu’il portait encore. La fenêtre qui était ouverte de son côté lui avait permis d’entendre les immondices que l’autre cinglée déversait sur lui devant le personnel soignant. Elle doit être en isolement à l’heure qu’il est, se dit-il.

Son lit était bordé sur les côtés par deux barrières qui étaient levées. C’était un peu comme ce lit qu’il avait occupé enfant, aménagé afin qu’il ne tombât pas, les premières nuits après qu’il eut quitté le berceau. Mais ce dans quoi il gisait encore à moitié se rapprochait plus d’un cercueil ouvert. Il se redressa comme il le pouvait, un peu comme lorsque l’on souhaite regarder une série tout en restant au lit. Mais il n’y avait aucun écran, sur aucun des murs.

Ceux-ci étaient d’un vert-bleu délavé, marqués de griffures et autres déchirures plus ou moins profondes. Dieu seul sait ce que ces murs auraient pu lui raconter s’il avaient pu lui parler, ou s’il avait pu les entendre, ce qui, paraît-il, était le cas de certains de ses camardes d’infortune qui se trouvaient ici. De toute façon, ce qu’il voyait là ne lui donnait pas envie d’en savoir plus. Il pouvait suffisamment ressentir toute l’horreur, la violence, la détresse, les cris interminables passés que ces lieux renfermaient. D’ailleurs, dans certains dictionnaires, un des synonymes de «mur» est «garde-fou». Quelle ironie hein ?

Dans les couloirs, l’excitation de la veille avait laissé place à un silence de mort. Il se rappela vaguement avoir dégagé sa main gauche de l’une des infirmières, alors qu’elle la tenait, pendant que sa collègue photographiait avec son téléphone le tatouage qu’il portait à l’annulaire. Leurs rires s’étaient alors brusquement arrêtés. La Bête risquait de se réveiller. Une bête de foire, voilà ce qu’il était devenu. Et le crédit en revenait à ceux-là même qui l’avaient amené à se retrouver ici.

Lui ne riait plus depuis quelques mois déjà. Les événements des derniers jours n’avaient rien arrangé. Il était épuisé, lessivé, comme ces murs dans lesquels pensait finir ses jours. Il revit les regards de son père, de sa compagne qui ne le reconnaissait plus, de ses voisins affolés et de sa mère, que sa petite sœur avait du aider à remplir les papiers qui l’avaient amené d’office ici, car elle n’avait pas pu le faire seule.

C’était son fils, et ses larmes l’en avaient empêché. »

En Mai, fais ce qu’il te plaît, 2017.