Étiquette : Life

Vendredi.
Il s’était acheté quelques cigarettes. Avec un café en plus s’il vous plaît, dit-il. Sympa, ce nouveau bar tabac. Il s’assit à l’extérieur.
À cet heure-ci, le Cours était blindé. Il permettait, entre autres, en partant du rond-point de Castellane, de rejoindre la gare Saint Charles. Tiens, ça fait longtemps que je n’y suis pas allé. Je n’ai plus les cheveux longs, on ne devrait plus me demander si « je cherche quelque chose » dès que je mettrai un pied dehors pour fumer, pensa-t-il.
Les voitures étaient à l’arrêt, ou quasi. Les deux roues, eux, slalomaient entre elles avec une aisance de cascadeurs de l’extrême. Hé, on est à Marseille, con.
À sa droite, un employé de la Métropole repeignait un mur. Le Cours Ju est à deux pas, ça doit être pour ça. À sa gauche, un ouvrier avait laissé, dans son engin, la marque de sa dissidence. Peut-être en prévision de demain. Il leva les yeux.
Le ciel était d’un bleu magnifique, et la lumière du Soleil le diluait petit à petit, à mesure que l’on regardait loin. À se demander si il n’existait pas un peintre génial, là-haut.
On était bien, là.
Paso a paso.
C’est peut-être un détail pour vous.
Cela devait bien faire deux ans qu’il ne s’était pas assis dans un bistrot, son casque de musique vissé sur les oreilles, seul, serein, à regarder les passants.
Il ne faisait pas si froid que ça ce matin là. La polaire n’était plus vraiment nécessaire. L’hiver se terminait et le Soleil reprenait la main.
— Un café s’il vous plaît, avait-il demandé à ce vieux serveur Marseillais qui portait sur lui cette simplicité sincère, et vraiment classe.
— Vous voulez aussi un croissant ? Ou un pain au chocolat ? On a les deux vous savez. Les gens, ils pensent pas toujours à demander, alors je vous le dis.
Ce fut un croissant. Il n’y avait plus ces ânes qui le mataient de loin en ricanant. Toute cette merde était enfin terminée.
Il n’y avait que lui, sa musique et le vent.

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